Les avocats de Murielle Bolle, personnage clé de l’affaire Grégory, vont déposer vendredi une requête visant à faire annuler sa mise en examen pour «enlèvement suivi de mort».
Cette requête sera déposée devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Dijon, dont la présidente Claire Barbier instruit l’affaire. «Nous avons toute confiance dans la collégialité de la chambre de l’instruction car ce sont trois magistrats indépendants de qualité», a souligné un de ses avocats, Me Christophe Ballorin.
La requête sera précédée d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) sur «la validité de la garde à vue» de Murielle Bolle en 1984, durant laquelle l’adolescente n’avait pas été assistée par un avocat, la loi ne l’imposant pas à l’époque.
Des procès verbaux "nuls"
La demande de nullité vise notamment «l’absence d’indices graves et concordants qui font qu’il n’y avait pas lieu de la mettre en examen» à la fin juin, estime Me Ballorin. La QPC porte quant à elle sur les «droits de la défense», «les libertés fondamentales et l’évolution du droit».
«Outre la présence d’un avocat, tout gardé à vue a le droit de se taire et, pour un mineur, le droit d’être assisté par une personne de la famille», a détaillé l’avocat, pour qui «les procès-verbaux durant cette garde à vue sont nuls».
Selon lui, la cour devrait «surseoir à statuer» sur la demande d’annulation de la mise en examen, «dans l’attente d’une décision sur la QPC». «Ce sont des débats de fond que Me Jean-Paul Teissonnière et moi-même posons, on ira jusqu’en cassation», a-t-il d’ores et déjà prévenu.
A-t-elle subi des violences familiales ?
Murielle Bolle, 48 ans, a été mise en examen fin juin. En 1984, elle avait accusé son beau-frère Bernard Laroche, cousin du père de Grégory, du rapt du garçon de quatre ans retrouvé mort dans la Vologne, avant de se rétracter. Jean-Marie Villemin avait tué ce dernier d’un coup de fusil en 1985.
Pour l’accusation, Mme Bolle aurait changé son témoignage après avoir subi des violences familiales, ce que contestent ses avocats. Elle est soupçonnée aujourd’hui d’avoir participé à l’enlèvement de Grégory, le 16 octobre 1984, avec Bernard Laroche.
D’abord écrouée, elle a été placée sous strict contrôle judiciaire début août, avec obligation de résider dans un département éloigné de son domicile vosgien.
Marcel Jacob entendu lundi
Sa mise en examen était intervenue deux semaines après celles de la grand-tante du petit Grégory, Jacqueline Jacob, et de son époux Marcel, poursuivis eux pour enlèvement et séquestration suivis de mort, un coup de théâtre qui avait relancé cette affaire vieille de 33 ans.
Jacqueline Jacob, 73 ans, a été autorisée par la chambre de l’instruction de Dijon à rentrer chez elle le 20 novembre, trois jours après son interrogatoire par la juge d’instruction.
Marcel Jacob, toujours privé de contact avec sa femme dans le cadre de son contrôle judiciaire, doit être entendu à son tour lundi avant de demander, le 20 décembre devant la cour d’appel, à rentrer chez lui dans les Vosges.
Les deux septuagénaires sont soupçonnés d’avoir été les «corbeaux» de l’affaire et d’être impliqués dans le rapt et la mort de Grégory, dans le cadre d’un «acte collectif» qu’ils contestent.
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