Ma vie, de scoops en faits divers

Je ne veux plus qu’on m’impose de suivre tous les malheurs du monde. Je veux pouvoir échapper aux alertes de mon téléphone et des autres médias qui m’interpellent sur tout ce qui arrive d’épouvantable en France et dans le monde, mais surtout en France. J’ai ces jours-ci reçu des informations en boucle sur les radios et les chaînes TV sur la découverte des ossements, heure par heure (en me spécifiant lesquels) de la malheureuse enfant assassinée, avec interviews des parents auxquels on a rien épargné, j’ai suivi sans le vouloir le changement d’attitude du bourreau et l’accablement de son avocat bouleversé parce que son client lui avait menti. Je découvre peu après qu’une femme est morte dévorée par ses 6 chiens ( je regarde inquiète mon beagle qui semble embarrassé).

Je vous passe les passages à niveaux qui causent régulièrement des accidents épouvantables et des débats inutiles mais inlassables sur la question, accidents de car, rixes de sorties de boite de nuit etc.

« Balance ton porc » est une mine d’or pour le feuilletonnage de faits divers, une manne inespérée qui facilite le lancement des nouveaux titres de presse, et nous offre des directs de ministres au bord des larmes (on commente l’émotion : sincère ou pas ?) ce qui permet de revenir au gentil mari assassin, en larmes lui aussi, qui a étranglé sa femme, puis l’a faite brûler.

La question des femmes agressées provoque des talk-shows en série : les féministes extrémistes croient toutes les plaintes, les politiques « laissent la justice suivre son cours », les autres défendent les hommes en danger, et tout le monde s’insulte au nom du respect des femmes.

Quand on a un instant de répit, la météo prend le relai. Les inondations inhabituelles fournissent le spectacle de gens en gondoles vénitiennes en banlieue parisienne et qui pleurent aussi les malheureux, devant leurs maisons inondées. A Paris les rats se baladent dans les rues, on attend un cas de peste ou un bébé dévoré.

Viols, crimes, drames, faits… d’hiver cette fois, pour les sans-abris gelés, ce qui me culpabilise au plus haut point, d‘autant qu’on me passe à la radio l’enregistrement du 115, numéro dédié qui ne répond pas... et c’est comme ça tous les ans.

Une petite récré avec un krach boursier qui paraît sympathique dans le lot des catastrophes. En attendant je ferme les yeux et les oreilles sur les drames étrangers, si j’ajoute à mes traumatismes quotidiens les fusillades des lycées américains, je ne tiendrai pas le coup.

Allons ! Ce sont les vacances scolaires, réjouissons-nous ! C’est sans compter les 548 km de bouchons et les malheureux vacanciers qui dorment dans les gymnases... Pour un peu qu’il y ait un épisode neigeux on monte d’un cran dans la dramaturgie.

On a surmonté les tragédies de l’histoire, mais aujourd’hui ce sont les drames de l’instant qui se superposent : pitoyables ou douloureux, atroces ou risibles, impossible d’y échapper. Vous vous surprenez d’ailleurs vous-même à commenter l’héritage de Johny et l’attitude de Laeticia, dont pourtant vous n’avez strictement rien à faire, mais les rebondissements des conversations sont garantis et votre indifférence étonnerait votre entourage qui a élevé le débat : « C’est nous qui avons payé les obsèques nationales et nos impôts qui ont remboursé les dettes fiscales de Johnny ». Il a quand même le Tennessee trop facile pour l’opinion publique. Et tout cela bien sûr nous entraine droit sur le procès Cahuzac...

Pouce ! Pitié ! Et ne me dites pas de tout débrancher : portable, Télé, radio, voisins... il faudrait être un ermite pour échapper à tout cela ; et encore on viendra interviewer l’ermite en prime time, vous n’y échapperez pas ce sera une breaking news.


Source : www.valeursactuelles.com

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