Depuis des mois, c’est un peu sa deuxième maison. Trois fois par semaine, Véronique André prend le bus depuis Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), direction le Palais de justice de Paris. Discrètement, cette retraitée de l’éducation nationale de 63 ans s’assied dans l’une des nombreuses salles d’audience ouvertes au public. Et n’en bouge plus. « J’y vais comme au spectacle, dit-elle de sa voix rauque. C’est mieux qu’une série télé. »
Cet après-midi de janvier, elle assiste aux audiences des comparutions immédiates. Un trafiquant de cocaïne interpellé à Pigalle nie les faits. Un homme arrêté après un accident en état d’ébriété se heurte à la procureure.
La retraitée n’en rate pas une miette : « La correctionnelle, c’est ce que je préfère, ça me permet de voir l’état de la société. » Souvent, elle se projette. « J’observe et je me dis : et si ça m’arrivait ? Et si j’avais, moi aussi, un problème avec mes voisins ? Et si, moi aussi, un jour, je pétais un câble ? C’est rassurant de savoir comment ça se passe. Nous, le public, on est là pour se faire notre propre opinion, et pas pour que les médias nous disent quoi penser. »
Une obsessionApprocher le mal au plus près, c’est une obsession pour Christopher. A tout juste 30 ans, ce responsable numérique dans une grande entreprise publique voue une fascination pour les affaires criminelles depuis l’enfance.
Sur la table du salon familial, à Troyes, traînait le magazine Le Nouveau Détective avec ses « unes »-chocs. Il y découvre Landru, s’interroge encore sur « ce qui fait basculer le mec ». Et grandit avec, en toile de fond, l’affaire des disparus de Mourmelon (Marne), à moins d’une heure de chez lui. « A 12 ans, quand je rentrais seul du foot le soir. Ma mère me répétait : surtout, si un homme propose de te ramener, fuis. » Il avait peur. Pour exorciser, il dévore toutes les grandes affaires.
Dix-huit ans plus tard,...
Source : www.lemonde.fr
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