Après la diffusion par Europe 1, lundi, d'une vidéo de 2'34'' montrant l'interpellation très violente de Théodore Luhaka par quatre policiers de la BST à Aulnay-sous-Bois, en février 2017, la réaction de l'autre camp n'a pas tardé, après les prises de position en faveur des forces de l'ordre de nombreux politiques, tels Marine Le Pen (FN) ou Eric Ciotti (LR).
Elle a finalement eu lieu la nuit dernière, sous l'objet d'une vidéo publiée sur le groupe Facebook "Justice pour Théo" (75 000 membres), qui défend la parole du jeune homme de 22 ans ayant subi une déchirure anale de dix centimètres et une perforation du colon à cause d'une matraque d'un des fonctionnaires. Des blessures engendrant 60 jours d'ITT.
Une manipulation par les images
Sur cette publication, le ton est donné d'emblée : "Voici les images sélectionnées par Europe 1 pour manipuler l'opinion". Pourquoi une manipulation ? Les arguments sont multiples. D'abord, les soutiens du jeune Théo reprochent à Europe 1 un montage tronqué de deux minutes et demie, quand l'interpellation a duré une dizaine de minutes.
Autre biais pointé du doigt ? Que le document d'Europe 1 n'insiste pas sur le soin pris par les policiers de la BST pour emmener le groupe, dont Théo, en dehors du champ de la caméra de la ville d'Aulnay-sous-Bois, selon les réalisateurs du montage.
Ou encore les commentaires écrits, laissant entendre, selon "Justice pour Théo", que l'agitation survient sans cause ni motif. Enfin, cette publication insiste sur le comportement de Théo, ceux des forces de l'ordre - l'un des policiers aborde le contrôle d'identité matraque à la main - et que l'extrait de vidéo-surveillance s'arrête une fois le jeune homme menotté. Or, selon ses soutiens, les coups ont continué de pleuvoir une fois la victime placée de nouveau hors-champ, nouvelles images à l'appui.
«Comment voulez-vous qu’on respecte l’uniforme ?»
Mercredi à 18 heures, soit plus de 20 heures après sa publication, la vidéo comptait 12 000 vues environ. Elle ne risque pas d'apaiser les tensions, alors que l’annonce de la réintégration de trois des quatre agents mis en cause, dimanche, a provoqué la colère de la famille de celui qui a subi plusieurs interventions chirurgicales depuis le 2 février 2017.
«Comment voulez-vous qu’on respecte l’uniforme ?», s’est émue dimanche sa soeur Eléonore lors d’un rassemblement pour dénoncer cette réintégration. Sur le plan judiciaire, les expertises se poursuivent dans le cadre de l'instruction ouverte à Bobigny, notamment pour savoir si la matraque a été utilisée dans les règles et pour évaluer la gravité des séquelles de Théo, ce qui pourrait pousser l'affaire aux Assises.
Mais des contre-expertises ne sont pas à exclure, selon le défenseur des policiers, Me Daniel Merchat. Pour lui, l’affaire va prendre la forme d’une longue «querelle d’experts».
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