Ces dernières semaines, le père de Sébastien* était inquiet. Ce jeune homme est étudiant à l'université de Bourgogne, à Dijon (Côte-d'Or). L'une des villes où sévissait un mystérieux et violent CDPPF, pour Comité de défense du peuple et de la patrie française. Un «commando au marteau» qui se revendiquait de l'ultra-droite, et avait depuis l'automne agressé plusieurs personnes, ainsi qu'à Chalon-sur-Saône. Jusqu'au braquage, la semaine dernière, d'une pharmacie chalonnaise.
Eberlué, Sébastien a appris ce lundi que le commando en question n'était composé que d'un seul homme : en l'occurrence de Benjamin, l'un de ses très bons copains. «C'est dingue. Je n'ai pas de mots, souffle Sébastien. Je suis vraiment choqué de découvrir ce qu'il a fait.» Car Benjamin, Sébastien le connaît depuis la sixième. «On a fait toute notre scolarité ensemble, dans la même classe jusqu'en terminale.» Une dernière année de lycée que Benjamin avait bouclé haut la main, obtenant son bac avec une mention très bien.
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Dans son mail de «reddition» envoyé au « Journal de Saône-et-Loire », celui qui est donc en garde à vue depuis ce lundi matin se disait «juste fasciné depuis toujours par le monde policier, judiciaire, et par les faits divers». Tout en avançant n'avoir jamais eu «aucune conviction nationaliste», ni d'ailleurs «aucune conviction tout court.»
«Dès qu'il trouvait une faille, il lâchait pas»
Un point sur lequel Sébastien est un peu sceptique. «L'an dernier, je trouve qu'il avait changé. Il s'intéressait énormément à l'actualité, lisant régulièrement le Canard enchainé. Surtout, il n'arrêtait pas de parler de la famille Le Pen. ça ressemblait à des plaisanteries, mais au bout d'un moment c'était surprenant, car ça revenait tous les jours.» Benjamin aimait à la fois l'humour noir et agacer son entourage. «Dès qu'il trouvait une faille, il lâchait pas, relève Sébastien. Si vous laissiez courir, il passait à autre chose. Mais celui qui rentrait dans son jeu, il s'en prenait pour toute l'année.»
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De là à imaginer un passage à l'acte et de multiples agressions, il y a un pas dont Sébastien n'aurait jamais pensé qu'il serait franchi. «Je ne le vois pas autrement que comme un mec sympa et gentil», glisse ainsi le jeune homme. Ces derniers mois, lui et Benjamin s'étaient encore cotoyés sur les bancs de la fac. En droit, où Benjamin s'était d'abord inscrit, avant de finalement bifurquer vers l'histoire. «Les débuts à l'université, c'est toujours compliqué, note Sébastien. Mais il s'était bien adapté. Il s'était fait plein de potes. C'est quelqu'un de sociable, qui sort beaucoup.» Récemment, les deux s'étaient encore croisés pour une sortie au bowling. «Il est un peu foufou, résume Sébastien après coup. Mais faire ce qu'il a fait, c'est incompréhensible.»
* Le prénom a été modifié
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