Pourquoi les faits divers nous fascinent-ils autant ?

Les faits divers, comme la mystérieuse disparition de Xavier Dupont de Ligonnès après l’assassinat de sa femme et ses quatre enfants à Nantes, il y a sept ans, ont beau être effrayants ou révoltants, ils nous fascinent aussi. Pourquoi ? C’est parce qu’en un sens, ils nous rassurent.

« On va s’émouvoir de ce qui arrive et, au moment où l’on est ému, nous prenons une distance avec nos émotions personnelles, explique Michel Lejoyeux, responsable du département de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Bichat-Beaujon et professeur en psychiatrie à l’Université Paris Diderot. On se dit par exemple : j’ai des soucis, mais mon mari n’a pas essayé de me tuer… Il y a une sorte d’apaisement par comparaison, de relativisation de la situation. Cela nous aide à nous adapter à notre vie. »

« Jouer à se faire peur »

C’est aussi une manière pour l’homme de se divertir, de changer de registre comme on le ferait lorsque l’on va au cinéma. « Dans une société où le romanesque est peu présent, le fait divers nous stimule. On le traite avec un peu de honte comme du cinéma. Plus c’est horrible, plus on assimile cela à de la fiction », complète le psychiatre. Une façon de se divertir qui se popularise par une offre médiatique très fournie. « Toute offre augmente l’envie. »

Et puis, lire ou s’informer sur l’histoire d’un criminel qui a décimé sa famille, c’est aussi jouer à se faire peur. Et depuis l’enfance, nous aimons ça. « Cela éveille quelque chose de l’ordre de la libido. On a tous en nous, un peu de masochisme. Nous en tirons un plaisir », précise Michel Lejoyeux.

Aussi, plutôt que d’avoir peur de tout  de la mort, de la maladie  on se met à avoir peur de quelque chose et ainsi toutes nos autres peurs s’effacent un peu. « C’est un fixateur de peur », pointe Michel Lejoyeux.

Recréer du lien

Mais le fait divers possède une autre fonction. Celle de communiquer avec les autres. « C’est un sujet consensuel. Tout le monde est d’accord sur ces sujets pour dire que c’est affreux. Personne ou presque ne défend le tueur en série. C’est comme parler de météo avec les Anglais », insiste le psychiatre. D’autant qu’il suffit d’une petite information pour susciter l’intérêt. « On brille un peu. C’est notre quart d’heure de célébrité, surtout quand le fait divers, c’est le voisin », ajoute-t-il.

Être féru d’histoire de voisinages qui tournent mal n’a rien de bien préoccupant. « Tant qu’on prend toujours plus des nouvelles de sa famille que d’un tueur en série, il n’y a pas de problème à cela. »

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