C’est un trafic tentaculaire et hors normes de voitures volées. Douze hommes, âgés de 25 à 40 ans, ont été mis en examen entre dimanche dernier et vendredi matin à Nîmes (Gard). La justice les soupçonne d’avoir, depuis plusieurs années, dérobé plus de 20 000 voitures dans la toute la France en utilisant un système électronique qui remet en question l’efficacité des systèmes de sécurité des voitures.
L’affaire commence en janvier dernier lorsque les enquêteurs de la sûreté départementale du Gard sont alertés par une recrudescence des vols de voitures dans leur département mais aussi dans l’Hérault et les Bouches-du-Rhône. Au total entre 80 et 100 Peugeot 308, Citroën et Renault Mégane RS et des Clio y ont été dérobées selon le mode opératoire dit « à la souris », c’est-à-dire en utilisant des clés réencodées.
Les signatures électroniques récupérées par «phishing»
Les voleurs repéraient des voitures dans la rue en notant leur plaque d’immatriculation. Ils contactaient ensuite deux gérants d’un garage marseillais qui, grâce à un hacker, menaient des opérations de phishing (ndlr : une technique d’envoi de mails malveillants) auprès de concessions automobiles pour récupérer les signatures électroniques des voitures. Grâce à des clés ainsi réencodées permettant d’ouvrir et de démarrer les véhicules, ils pouvaient dérober les véhicules dans la rue, sur les parkings ou même dans les propriétés des victimes.
Dans les ordinateurs du garagiste, les policiers épaulés par les gendarmes de l’institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) ont découvert que l’artisan répondait, depuis 2014, aux sollicitations d’équipes de malfaiteurs de toute la France à qui ils revendaient des boîtiers électroniques ou des clés réencodées qu’il faisait venir de Chine.
Neuf voleurs sont passés aux aveux
Les voitures dérobées ont été revendues à des particuliers, après avoir été maquillées. Elles ont été envoyées au Maghreb. Certaines ont été utilisés par des malfaiteurs pour passer à l’action avant d’être abandonnées ou brûlées.
Les premières interpellations ont débuté fin novembre à Marseille et Nîmes. Les suspects ont été placés en garde à vue dans les locaux de la sûreté départementale. Les neuf voleurs sont passés aux aveux. Les deux gérants du garage ont préféré garder le silence. Lors des perquisitions, les forces de l’ordre ont saisi 800 000 € d’avoirs criminels. Il s’agit de voitures, d’une maison, de comptes en banque et de produits de luxe.
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