Les faits divers qui ont marqué l'année 2017 en Ile-de-France

27 janvier : Oumar, 16 ans, meurt sous les coups de son beau-père à Vitry (Val-de-Marne)

La marche blanche en sa mémoire avait rassemblé ses proches, et bien au-delà : des éducateurs spécialisés, des élus, des associations du quartier Commune-de-Paris, des familles entières. Oumar est mort le 27 janvier à Vitry après avoir été battu par son beau-père. L’adolescent de 16 ans est décédé d’un arrêt cardiaque, lié à la « correction » qu’il a reçue, d’après l’autopsie.

Son beau-père s’en serait pris à lui car il manquait d’assiduité en classe, au lycée Adolphe-Chérioux où il était scolarisé en seconde. C’est ce qu’il avait indiqué aux policiers. Une dispute avait éclaté ce soir-là dans l’appartement, au 8e étage d’une tour du quartier populaire de la Commune-de-Paris. Malgré l’intervention des secours, appelés par les parents eux-mêmes, Oumar n’avait pas pu être réanimé. Sa mère, choquée, avait dû être hospitalisée. Oumar vivait avec ses deux jeunes sœurs et des jumeaux âgés de 11 mois, nés de la nouvelle union de sa maman.

« Quand il se faisait taper, il ne voulait pas qu’on en parle », avait témoigné un de ses anciens camarades de classe. Son beau-père a été mis en examen le 30 janvier pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner et écroué. Début février, plus de 600 personnes avaient marché dans la rue en bas de l’immeuble où vivait l’adolescent, et où de nombreux habitants étaient venus se recueillir après le drame.

2 février : Théo est gravement blessé par des policiers à Aulnay (Seine-Seint-Denis)

Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), 7 février. Les policiers qui ont violenté Théo, 21 ans, ont été suspendus. LP/Arnaud Journois.

Pour les gamins d’Aulnay, c’est un fait divers de plus. Mais pour le reste de la France, une affaire d’Etat qui a révélé le mal qui ronge les quartiers populaires. Le 2 février, Théo est contrôlé par quatre policiers dans le quartier de la Rose-des-Vents. Le ton monte.

Le jeune homme de 21 ans est grièvement blessé par une matraque télescopique qui occasionne une profonde plaie anale de 10 cm. Hospitalisé pendant deux semaines, Théo se voit prescrire 60 jours d’ITT. Le fonctionnaire qui l’a blessé est mis en examen pour viol, et les trois autres pour violences volontaires aggravées.

Dans la foulée, l’affaire va déclencher plusieurs jours de violence dans certains quartiers de Seine-Saint-Denis, notamment à Aulnay-sous-Bois. Le 6 février, les mamans du quartier défilent dans la cité de la Rose-des-Vents pour réclamer le départ des CRS, et quatre jours plus tard, une manifestation de soutien à Théo dégénère à Bobigny, occasionnant d’importants dégâts près du tribunal de grande instance.

Les jours suivant le drame, les témoignages de soutien au jeune homme affluent, à commencer par celui immédiat de Bruno Beschizza, le maire (LR) d’Aulnay-sous-Bois. L’ancien flic condamne sans ambiguïté les méthodes des policiers accusés. Le Président François Hollande lui rend visite à l’hôpital. Devant lui, le jeune homme lance un appel à la « paix » dans les quartiers — qui produira son effet. « Les gars, stop à la guerre », clame Théo, le visage encore marqué. Il devient le symbole de la lutte contre les violences policières dans les cités. Aujourd’hui, l’enquête est en cours et les policiers ont été suspendus en attendant le procès. De son côté, Théo vit toujours avec une poche pour faire ses besoins, assurant avoir « pardonné » aux policiers. Mais il « attend la justice de pied ferme ».

6 mars : un rhinocéros de Thoiry (Yvelines) tué pour sa corne

Thoiry, 2015. Vince, le rhinocéros blanc abattu. LP/Mehdi Gherdane.

Dans la nuit du 6 au 7 mars, des malfaiteurs franchissent les grilles de la réserve africaine du zoo de Thoiry, se rendent jusqu’à l’enclos des rhinocéros et pénètrent dans le bâtiment où les trois animaux dorment. Ils s’en prennent à Vince, un mâle âgé de 5 ans en l’abattant de trois balles dans la tête. Puis découpent sa corne à l’aide d’une tronçonneuse avant de disparaître. C’est une première en Europe dont se serait bien passé le zoo de Thoiry, très certainement victime de voleurs spécialisés dans le commerce illégal de ce phanère aux fausses vertus aphrodisiaques. Neuf mois après les faits, l’enquête confiée aux gendarmes n’a toujours pas permis de les retrouver.

3 avril : mystérieux décès de Minos, 21 ans, le rugbyman de Ris (Essonne)

Minos est mort en chutant de plus de 20 mètres de hauteur. DR.

Le 3 avril, au lendemain d’une victoire lors de la dernière journée de championnat synonyme de première place, l’US Ris-Orangis rugby découvre le corps de son n° 8, Minos, 21 ans, nu, couvert d’hématomes et allongé sur le sol à l’autre bout du stade… Toute une ville et son club de rugby de Ris ont pleuré la mort de cet étudiant en architecture. Il pourrait avoir été victime d’un acte insensé et d’une chute de plus de 20m.

A Ris-Orangis, mais la cicatrice reste ouverte dans le club de rugby familial où évolue encore le frère de Minos. Cet étudiant en école d’architecture à Paris, qui évoluait au poste de 3e ligne centre, a été découvert mort, nu et couvert d’hématomes le 3 avril à l’autre bout du complexe sportif Latruberce où, la veille, l’équipe de Fédérale 3 avait fêté son succès face à Plaisir (78), synonyme de première place au championnat de Fédérale 3. « On pense encore souvent à lui », concède un joueur qui refuse d’en dire plus « par pudeur ». La thèse criminelle a d’abord été étudiée. « Mais les lésions sont trop sérieuses pour avoir été causées par des coups », a estimé le médecin légiste. Minos, 21 ans, avait consommé de l’alcool et du cannabis, mais sans excès, révèlent les analyses toxicologiques.

Selon les éléments recueillis par les enquêteurs, la mort de Minos relèverait davantage de l’acte insensé. Ses vêtements laissés derrière lui étaient disposés comme l’aurait fait une personne prête à se baigner. D’après un scénario probable, sur le chemin pour rentrer chez lui, il pourrait avoir tenté d’escalader une antenne-relais. « Les blessures sont celles de quelqu’un qui aurait plongé », reprend une source judiciaire. Car aucune fracture n’a été relevée sur les jambes, le choc s’étant concentré sur la partie haute du corps qui « correspondrait à une chute d’un point haut, d’une vingtaine de mètres ». Le corps ne se trouvait pas à l’aplomb de l’antenne, ce qui pourrait signifier qu’il y a eu une impulsion avant la chute. Pourquoi a-t-il escaladé ? Était-il seul ? Des questions qui restent en suspens près de huit mois après les faits.

9 août : un terroriste fonce sur des militaires de Sentinelle à Levallois (Hauts-de-Seine)

Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), 9 août 2017. Les militaires s’apprêtaient à partir en patrouille quand ils ont été attaqués. AFP/Thierry Chappé.

Dans la torpeur estivale, un terroriste a frappé à Levallois. Le 9 août, Hamou Benlatrèche a foncé sur des militaires de l’opération Sentinelle au cœur de la ville. Il était presque 8 heures, moment de la relève pour les soldats qui quadrillent le pays depuis l’attentat de Charlie Hebdo en janvier 2015.Ce mercredi d’août, un groupe d’une dizaine de militaires se trouve alors dans l’allée bordant la place de Verdun, non loin d’un foyer dans lequel se reposent les hommes de Sentinelle. Soudain, une BMW break noire surgit dans l’allée et fonce vers le véhicule de patrouille des forces armées qui, sous l’effet du choc, heurte les six hommes du 35e régiment d’infanterie de Belfort (Territoire de Belfort) qui s’apprêtaient à partir en patrouille. Tous sont blessés, deux d’entre eux plus sérieusement. Quelques heures plus tard, les forces de l’ordre retrouveront le conducteur de la BMW, Hamou Benlatrèche, sur l’autoroute A 16 dans le Pas-de-Calais. Les policiers ont tiré, il a été blessé. Cet Algérien de 37 ans, chauffeur de VTC, vivait discrètement à Bezons (Val-d’Oise). Il est mis en examen depuis le 29 août pour tentative d’assassinat sur agent de la force publique en relation avec une entreprise terroriste, et association de malfaiteurs terroriste criminelle.

14 août : Angela, victime d’une voiture-bélier à Sept-Sorts (Seine-et-Marne)

Angela et son petit frère Dimitri ont été fauchés par une voiture qui a défoncé la terrasse et la pizzeria de Sept-Sorts, (Seine-et-Marne), le 14 août. La première a été tuée lors de l’attaque, le second grièvement blessé aux jambes. DR

Ce devait être un moment léger et familial, dans un restaurant apprécié de tous. « Les cinq membres de la famille s’installent en terrasse, rigolent et d’un coup, ils voient cette voiture qui tourne et qui leur fonce dessus », racontera quelques mois plus tard leur avocat.

Ce 14 août, vers 20 h 30, un habitant de La Ferté-sous-Jouarre nommé David Patterson précipite sa BMW en direction de la pizzeria Cesena, dans la commune voisine de Sept-Sorts. En une fraction de seconde, ce restaurant d’une zone industrielle se transforme en scène de crime. Angela, 13 ans, trouve la mort. Plus d’une dizaine d’autres personnes sont blessées plus ou moins grièvement, parmi lesquelles le petit frère de trois ans de l’adolescente et son père.

Très vite, le parquet de Meaux écarte la thèse de l’attentat. Cinq jours plus tôt, une attaque à la voiture-bélier — une BMW, déjà — a été perpétrée contre des militaires de l’opération Sentinelle, à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).

Les premières explications données par David Patterson sont confuses. Un mois plus tard, ce trentenaire décrit par ses proches comme « quelqu’un qui a toujours le sourire » exprimera ses « remords » par la voix de son avocat, Me Emmanuel Giordana.

Un point de vue combattu par la famille d’Angela. « Ces remords sont une démonstration d’une forme, soit de lucidité, soit de manipulation, estime leur avocat, Me François Mazon. Dans les deux cas, c’est une forme d’intelligence et de raisonnement. » Une expertise psychiatrique a d’ailleurs été demandée par la justice. S’il y a lieu, le procès ne devrait pas se tenir avant 2019.

24 octobre : Vivien, 16 ans, se tue en «surfant » sur le métro à Paris

Métro Bir-Hakeim, Paris XVe. Grimpé sur le toit d’une rame, l’adolescent a percuté la verrière du toit de la station. LP/Benoît Hasse.

C’est l’un des faits divers parisiens les plus tragiques de l’année 2017. Un drame absolu qu’ont vécu en direct des dizaines de voyageurs le 24 octobre sur les quais de la station Bir-Hakeim, à Paris (XVe). Ce soir-là, aux heures de pointe, à 19 heures, Vivien, 16 ans, originaire de Puteaux (Hauts-de-Seine), adepte du train surfing, va mourir devant leurs yeux.

L’adolescent grimpe sur le toit d’une rame pour s’adonner à son sport acrobatique, dangereux et interdit, très prisé sur ce tronçon de la ligne 6 du métro aérien, avec vue sur la Seine et la tour Eiffel. Vivien s’allonge puis se redresse alors que le train part. Il percute la verrière du toit de la station qu’il n’avait pas vue. « Après, il a été projeté sur les voies, précisera une source policière. Puis traîné et tué par la rame de métro qui arrivait en sens inverse. »

Police, pompiers et techniciens de la RATP boucleront la station pendant plusieurs heures. La dépouille de l’adolescent sera transportée à l’Institut médico-légal (IML) pour une autopsie. L’enquête, d’abord confiée au commissariat du XVe, sera reprise par la Brigade des réseaux ferrés (BRF).

Parmi les voyageurs présents au moment du drame, il y aura aussi les frères de Vivien, anéantis par ces images en direct mais aussi des usagers de retour du travail et des touristes. Parmi ces derniers, la journaliste britannique, Sarah, 42 ans, à Paris pour des vacances avec mari et enfants, tous présents sur le quai. Sarah n’oubliera pas cette « mort aussi tragique, comme ça, pour rien ». « Je revois son sourire. C’est une vision d’horreur qui me hante. »

18 novembre : un policier fait un carnage à Sarcelles (Val-d’Oise)

Sarcelles (Val-d’Oise), novembre 2017. C’est dans ce pavillon que les parents d’Amélie Nahan, la compagne d’Arnaud Martin, résidaient depuis de nombreuses années. LP/Guillaume Georges.

Amélie lui avait donné rendez-vous pour rompre. Le 18 novembre, Arnaud Martin, un policier parisien de 31 ans, arrive à scooter. La jeune femme de 25 ans l’attend au bas de la rue du Bocage, dans un quartier pavillonnaire de Sarcelles, où habitent ses parents.

Arnaud Martin frappe Amélie à coup de crosse, puis lui tire une balle dans la bouche avec son 9 mm de service, la blessant grièvement. Deux passants, Dominique Perrier, parti chercher des cigarettes ce soir de son 44e anniversaire, avant de souffler ses bougies en famille avec ses trois enfants, et Steeve Hadjdaj, 30 ans, qui écoutait de la musique dans sa voiture, ont à peine le temps d’esquisser un geste : ils sont abattus tous deux d’une balle dans la tête.

Le policier remonte la rue du Bocage alors que la mère de Steeve découvre son fils au sol. Il passe devant des résidants en leur intimant l’ordre de rentrer chez eux, puis gagne le jardin du pavillon des parents d’Amélie, 200 m plus loin. A travers la baie vitrée, il tire sur son beau-père, Yannick, qui décédera des suites de ses blessures, sur son épouse, et sur Clémence, leur fille, touchée à l’artère fémorale. Il se donne la mort au fond du jardin. Il est découvert son arme à la main, le brassard de police autour du bras. L’épouse et les deux filles de Yannick Nahan ont survécu.

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